Chaque année, l’organisme québécois sans but lucratif Protégez-Vous publie son Guide Annuel Autos. En collaboration avec l’Association pour la protection des automobilistes (APA), il décortique quelque 200 véhicules neufs et usagés, s’attardant entre autres à dégager les citrons du côté de l’occasion.
Jusqu’à tout récemment, la liste de ces «citrons d’occasion» comptait de moins en moins de modèles. Voitures plus fiables, plus solides, mieux équipées… C’était une bonne nouvelle.
Sauf que 2022 marque le pas d’une recrudescence: «Non seulement la vitesse des changements technologiques laisse présager plus de citrons dans les années à venir, mais les concessionnaires ont plus de difficultés à diagnostiquer les ennuis avec les technologies récentes», rapporte George Iny, président de l’APA.
Du coup, c’est plus d’une trentaine de véhicules usagés, autant d’entrée de gamme que de luxe, et autant ceux âgés d’une quinzaine d’années (pensez au Dodge Caliber) que ceux très récents (pensez aux berlines Ford), que vous ne voulez pas garer dans votre entrée.
Voici les grandes lignes de ce que nous avons soutiré du guru automobile de l’APA, à la base de l’expertise automobile chez Protégez-Vous.
Un concentré de citrons chez Stellantis… mais pas chez GM
George Iny n’y va pas par quatre chemins: le plus important concentré de citrons d’occasion se retrouvent, «depuis toujours, du côté des marques qui appartiennent maintenant à Stellantis en Amérique du Nord». Rappelons que Stellantis, anciennement Fiat Chrysler Automobiles (FCA), commercialise les véhicules Chrysler, Dodge, Fiat, Jeep et RAM.
Et à peu près toutes ces marques se retrouvent à la liste des citrons 2022 de Protégez-vous, de la petite Fiat 500 au Jeep Grand Cherokee à motorisation diesel (quel dommage!), en passant par les petits utilitaires Jeep Compass et Patriot, de même que la camionnette RAM – lorsque dotée, elle aussi, du V6 Ecodiesel.
La seule division de Stellantis qui ne figure pas à la liste 2022 des citrons usagés est Chrysler – mais bon, ladite division n’a plus que deux modèles en salle de montre…
Pour connaître précisément quelles années-modèles de ces mauvaises occasions sont les plus problématiques – et quels sont les grands problèmes rencontrés, cliquez ici pour rejoindre le site de Protégez-Vous (lecture sur abonnement ou par téléchargement ponctuel).
Au passage, vous y découvrirez que pas une division de GM ne figure à la liste – ni Chevrolet, ni GMC, ni Cadillac, ni Buick. Et que du côté de Ford, seules feues les berlines Fiesta et Focus, dotées de la boîte automatique, s’y inscrivent.
Kia sur la liste, Hyundai s’en sauve
Qui n’a pas (encore) entendu parler de moteurs Kia qui s’enflamment? De ces quatre cylindres (2,0 litres) équipant les berlines compactes Forte et les VUS Kia Sportage et qui ont la fâcheuse tendance de rendre l’âme après quelques années de service?
Voilà des citrons à éviter à tout prix. Certes, ces «problème» sont couverts par le constructeur en vertu d’un rappel, mais oups: «Kia Canada exige les preuves d’entretien de l’ancien propriétaire avant d’autoriser la réparation», souligne George Iny.
Certes, ces «citrons» partagent leur mécanique avec Hyundai – qui connaît les mêmes bris graves de moteurs. Mais les jumeaux Hyundai Elantra et Hyundai Tucson – non plus que tout autre modèles Hyundai – ont le mérite de ne pas figurer à l’infâme liste de Protégez-Vous. Pourquoi? Parce que «le service après-vente Kia est déficient et les propriétaires sont plus souvent appelés à payer pour les erreurs du constructeur que ceux qui roulent en Hyundai», répond George Iny.
Cela dit, le président de l’APA souligne un autre problème: «Les délais pour obtenir les réparations sont devenus plus longs, même celles qui sont payées par la garantie. Plusieurs constructeurs ont de la difficulté à assurer un approvisionnement de pièces suffisant et les automobilistes peuvent attendre jusqu’à 4 mois pour récupérer leurs véhicules.»
Selon George Iny, c’est particulièrement le cas de Kia, mais aussi de Fiat, Jeep, Tesla et… de Toyota.
Toyota et Honda: zéro citron
Justement: parmi les marques qui évitent la mention «citron», il y a Toyota et Honda, les deux constructeurs à la fiabilité légendaire.
Et dans le cas de Toyota, ça s’avère, dit George Iny: «La fiabilité générale des véhicules Toyota se démarque de la concurrence. La technologie conservatrice (pas de turbo, pas de transmission CVT jusqu’à très récemment, pas d’injection directe sur la majorité des moteurs) a permis au constructeur d’éviter les ennuis que d’autres ont connus avec ces technologies.»
Du côté de Honda, c’est un peu moins rose: «Étonnamment, la fiabilité des véhicules Honda s’est dégradée un peu depuis 2016, dit encore M. Iny. On a noté des odeurs d’essence et le faible chauffage pour le moteur 1,5 litre turbo des Honda Civic, Honda CR-V et Honda Accord (2016-2018), tout comme on a remarqué que certains bogues du système d’infodivertissement ne se résolvent pas depuis 2018, même avec des mises à jour.»
Cela dit, ces problèmes ne sont pas assez… problématiques pour que les modèles Honda soient affublés d’une mention citron. Par contre, plusieurs modèles de Nissan le sont, notamment les voitures Sentra, Versa, Versa Note, Altima, de même que les utilitaires Rogue et Pathfinder.
Encore une fois, visitez le site de Protégez-Vous pour connaître quelles années précises de production sont à éviter.
De la limonade pour (presque) toutes les Allemandes de luxe
Par ailleurs, chacun des trois principaux constructeurs de luxe allemand s’affichent avec plusieurs modèles à la liste des citrons d’occasion.
Ainsi, chez Mercedes-Benz, «les petites voitures sont décevantes, dit George Iny. La Classe B est l’unique Mercedes sur la liste des citrons de l’APA mais la CLA et ses variantes VUS la suivent de pas loin.» Au catalogue des soucis: des bris de moteurs, des défaillances du système antipollution, mais aussi des pièces de remplacement très coûteuses – un problème difficile à contourner, puisque «Mercedes-Benz ne partage pas ses données techniques avec les garages indépendants», regrette le président de l’APA.
Du côté d’Audi, le constructeur de Stuttgart voit s’inscrire à la liste des citrons d’occasion ses berlines A3, A4 et A5 âgées de plus de 10 ans, ainsi que son utilitaire Q5 – tous des modèles affligés du moteur turbo (2,0 litres) à essence. Au menu des troubles rapportés par le Guide Annuel Autos, troubles qui affectent également les Volkswagen Beetle, VW Golf GTi, VW Jetta GLI et VW Tiguan jusqu’aux années-modèles 2014: une surconsommation d’huile et des bris du turbocompresseur.
Cela dit, «les modèles Audi se sont améliorés à partir de l’année 2015», soutient George Iny, ce qui n’est pas le cas des modèles chez BMW, «qui se dégradent à partir de l’année 2012.»
De fait, presque tous les véhicules compacts de BMW (Série 2, Série 3, Série 4, de même que BMW X1 et X3) sont désignés par Protégez-Vous comme des citrons d’occasion. «Nous avons espoir que leurs modèles récents se sont améliorés, dit encore M. Iny, mais reste que ce sont des autos chères à réparer et qui brisent souvent.»
Un exemple? «La semaine passée, confie le guru automobile, nous avons reçu une estimation de plus de 9 000$ d’un concessionnaire BMW de Vancouver pour remplacer une chaîne de distribution et ses tendeurs sur un BMW X3 2013 avec moteur 4 cylindres. Il s’agit d’un prix faramineux pour corriger un défaut connu de la marque.»
Et les électriques, dans tout ça?
La première marque électrique qui vient en tête, c’est – évidemment – Tesla. Si George Iny déplore le manque de fiabilité de ses produits, il ajoute que «pour l’instant, la majorité des réparations sont sous garantie.»
Mais d’ajouter: «Le jour pourrait arriver qu’une Tesla d’occasion devienne un citron…»
Cela dit, l’amère limonade n’est pas réservée qu’à Tesla, fait remarquer le président de l’APA. Selon le dernier sondage de Protégez-Vous mené auprès d’environ 500 propriétaires québécois de véhicules hybrides et électriques, ces véhicules «démontrent une fréquence de réparations beaucoup plus importante que pour les véhicules à essence et ce, même si la majorité de ces véhicules électriques sont récents, dit M. Iny. On peut donc prévoir plus d’ennuis pendant la période de transition à l’électrification.»
Divulgation: l’auteur de ces lignes collabore comme journaliste automobile au Guide Annuel Auto de Protégez-vous.
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