Bruxelles envisage d’accélérer le réexamen de la fin du thermique en 2035
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a accepté d’avancer la "clause de revoyure" à la fin de cette année 2025, soit un an avant la date prévue initialement pour un point sur le projet d’arrêt du thermique prévu initialement pour dans dix ans.
La Commission européenne a ainsi ouvert la porte, vendredi 12 septembre, à un réexamen anticipé de l’interdiction des moteurs thermiques prévue pour 2035 dans l’Union européenne, alors que ce point était prévu pour 2026. Cette décision intervient sous la pression grandissante des industriels, qui jugent l’échéance irréaliste au regard de la conjoncture.
C’est lors d’un échange à Bruxelles avec les dirigeants des grands groupes automobiles que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait cette annonce. Elle recevait notamment François Provost (Renault), John Elkann (Stellantis), Oliver Zipse (BMW) et Ola Källenius (Mercedes-Benz), dans le cadre du "dialogue stratégique" sur l’avenir du secteur.
Initialement, les textes prévoyaient un point d’étape en 2026. Mais les industriels réclamaient depuis plusieurs mois un calendrier avancé, espérant obtenir des assouplissements sur une mesure jugée trop rigide dans le contexte actuel : ventes d’électriques en demi-teinte, offensive commerciale des marques chinoises, droits de douane américains et chute des bénéfices mondiaux.
"Ensemble, nous ferons en sorte que l’Europe reste au premier plan de l’innovation en matière automobile", a promis Ursula von der Leyen dans un message publié sur X.
La mesure phare du Pacte vert européen – l’interdiction des ventes de voitures neuves à essence, diesel ou hybrides dès 2035 – reste un symbole de la transition écologique voulue par Bruxelles. Mais elle est aujourd’hui de plus en plus contestée. Hildegard Müller, présidente de la fédération allemande des constructeurs (VDA), déplore une Commission "encore trop indécise et trop peu stratégique". Et le chancelier allemand Friedrich Merz a renchéri cette semaine, depuis le salon de Munich, appelant à "une réglementation européenne intelligente, fiable et souple", estimant qu’une rigidité excessive en matière de CO2 menace la compétitivité du continent.
Face à eux, un front inverse tente de maintenir le cap. Pas moins de 150 entreprises de la filière électrique – constructeurs spécialisés, fabricants de batteries, opérateurs de bornes de recharge – ont adressé lundi une lettre ouverte à Ursula von der Leyen pour lui demander de "tenir bon" et de ne pas repousser l’échéance.
Le transport routier représente plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. La décarbonation du secteur est donc une condition clé pour atteindre les objectifs climatiques : réduire de 90 % les émissions d’ici 2040 par rapport à 1990. Bruxelles sait que chaque concession sur le calendrier complique un peu plus cette trajectoire.
Lors de cette même rencontre, Ursula von der Leyen avait mis en avant une nouvelle piste : soutenir la production de véhicules électriques abordables et compacts fabriqués en Europe. Objectif affiché : regagner du terrain sur un segment où les constructeurs chinois s’imposent déjà avec des modèles compétitifs.Un virage politique en cours
Ces discussions se tiennent dans un climat de réorientation politique à Bruxelles. L’Union européenne, en quête de compétitivité et d’apaisement avec ses industriels, révise une partie des réglementations environnementales adoptées sous le premier mandat de la présidente de la Commission. La décision sur la fin du thermique pourrait bien devenir le symbole de ce nouvel équilibre, tiraillé entre ambitions climatiques et réalités économiques.