Hybrides rechargeables : une étude relance la polémique sur leurs émissions réelles

L’hybride rechargeable, souvent présentée comme un compromis entre thermique et électrique, est de nouveau dans la ligne de mire. Une analyse publiée par l’ONG Transport & Environment (T&E) affirme que ces véhicules polluent beaucoup plus que ce que laissent entendre les tests officiels.
Selon les données issues de 127 000 modèles immatriculés en 2023 et équipés de dispositifs mesurant la consommation réelle, les PHEV émettraient en moyenne 139 g de CO₂ par kilomètre. Un chiffre bien éloigné des 28 g/km annoncés par la procédure WLTP. En cause : l’hypothèse optimiste selon laquelle les conducteurs utiliseraient le mode électrique plus de 80 % du temps. Dans la pratique, cette part ne dépasserait pas 26 %, constate l’ONG.
Pour T&E, l’industrie automobile chercherait à retarder l’adaptation des règles européennes prévue en 2025 et 2027, qui doit corriger ces écarts. "Les hybrides rechargeables sont encore pires que prévu pour le climat", affirme Bastien Gebel, responsable à T&E France.
Les constructeurs, eux, défendent une technologie de transition. Christophe Périllat, patron de Valeo, estime que l’hybride rechargeable reste nécessaire tant que le marché de l’électrique ne s’est pas pleinement structuré : prix élevés, autonomie limitée, réseau de recharge insuffisant. Il plaide pour des modèles offrant autour de 100 km d’autonomie électrique, capables selon lui de couvrir l’essentiel des besoins quotidiens.
Certains acteurs suggèrent également de s’inspirer du modèle du range extender – un véhicule électrique doté d’un petit moteur thermique servant uniquement à recharger la batterie – qui fonctionnerait en moyenne deux tiers du temps en mode électrique.
La controverse survient alors que l’Union européenne maintient pour l’instant l’objectif d’interdire la vente de voitures thermiques en 2035. Plusieurs dirigeants de grands groupes, comme Stellantis, BMW ou Mercedes-Benz, réclament néanmoins davantage de flexibilité dans cette trajectoire.
Le sujet sera au cœur du dialogue stratégique du 12 septembre entre Ursula von der Leyen, l’industrie automobile et les ONG. Un rendez-vous décisif pour l’avenir de l’hybride rechargeable, dont le rôle dans la transition reste loin de faire consensus.