Séoul, Corée du Sud – Comment distinguer un véhicule électrique (VÉ) d’un autre? De la Chevrolet Bolt à la Porsche Taycan, tous les modèles 100% électrique profitent d’un couple instantané, d’un roulement silencieux et, merci à leurs batteries, d’un centre de gravité abaissé. Bien sûr, certains VÉ sont plus rapides que d’autres, mais reste que l’accélération est toujours délivrée de la même manière, quelle que soit la combinaison de moteurs-accumulateurs utilisée.
Dit autrement, les constructeurs automobiles doivent travailler dur pour parvenir à différencier leurs produits électrifiés les uns des autres – et semble que pour ce faire, on a choisi chez Hyundai de passer par le design.
On ne peut qu’admirer la silhouette extérieure de la berline Ioniq 6, que le constructeur qualifie de «streamliner électrifié». Le grand patron du style chez Hyundai, Simon Loasby, nous a d’ailleurs révélé que l’idée était d’emprunter les principes mis de l’avant par les grands classiques de l’aérodynamisme, telles que la Stout Scarab et la Saab 92 – et de les appliquer à un véhicule électrique moderne.
Résultat: une courbe fluide qui coiffe l’Ioniq 6 du capot au coffre, se terminant par une extrémité effilée surmontée de deux ailerons, le plus large installé au bas de la lunette. Les ingénieurs nous ont confié avoir débattu de la possibilité d’un aileron qui se serait électriquement déployé à grande vitesse, comme pour une Porsche Panamera, mais la complexité et les coûts de pareil appendice leur ont vite fait abandonner le projet.
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
Latéralement, on remarque que les porte-à-faux aux roues arrière sont plus long que la normale, accentuant l’écoulement d’air, tandis qu’un empattement particulièrement long (2 950 mm) fait paraître l’ensemble plus long et plus bas que la plupart des berlines électriques. C’est sans oublier les volets à ouverture active à la calandre qui, lorsque fermés, contribuent à rediriger l’air aux prises dissimulées en extrémité de pare-chocs – créant ainsi un «rideau» d’air pour réduire la traînée des roues à l’avant.
Toutes ces astuces aérodynamiques accordent un coefficient de 0,21 cd à l’Ioniq 6, en nette progression versus la Hyundai Ioniq 5 (0,288 cd), bien que les moteurs et accumulateurs soient les mêmes. Surtout, avec pareil – et impressionnant coefficient, la berline électrique de Hyundai s’installe presque nez-à-nez avec la Tesla Model S, qui se réclame d’un coefficient de 0,208cx. Sachez cependant que la championne du moment est sans aucun doute la Mercedes-Benz EQXX, avec son 0,17cx.
Pixels par-ci, pixels par-là…
Les pixels, signature visuelle qu’exhibe également l’utilitaire Ioniq 5, se retrouvent pratiquement partout dans l’Ioniq 6. Aux phares, aux feux arrière, au volant (un volant à deux branches par ailleurs dénudé de tout logo)… Au total, affirme Hyundai, l’Ioniq 6 intègre quelque 726 pixels, que le designer Loasby décrit comme des «blocs de construction» numériques parfaits pour exprimer la haute-technologie.
Vrai que pour un peu et on se serait cru au volant d’un bolide de l’univers Blade Runner… ne serait-ce que pour ces caméras en guise de rétroviseurs extérieurs, qui transmettent leurs images sur des moniteurs vidéo qui retroussent les extrémités de la planche de bord.
L’éclairage ambiant vient personnaliser l’espace – en deux zones individuelles – de quelque 64 couleurs disponibles, des teintes qui se reflètent dans les textures suaves des matériaux, choisis selon – toujours dixit Loasby – les principes de la pleine conscience (!).
Cela dit, l’une de mes touches intérieures préférées réside dans ces panneaux de portière des plus minimalistes. Comme les contrôles pour l’ouverture des fenêtres et le (dé)verrouillage des serrures se trouvent à la console centrale, ces panneaux sont 100 % sans commande – et l’effet est très saisissant. Justement, parlant de la console centrale, celle-ci est suffisamment vaste pour héberger un ordinateur portable, comporte deux grands porte-gobelets et la plaque d’induction pour le chargement sans fil du cellulaire y est bien aménagée – pas comme pour ces tapis de recharge qui, dans d’autres véhicules, semblent avoir été «rajoutés» après conception.
Le système d’infodivertissement est géré par deux grands écrans de 12 pouces. L’un se trouve devant le conducteur, tandis que l’autre, tactile, s’installe au beau milieu de la planche de bord. La connectivité CarPlay d’Apple et Android Auto est offerte, mais surprise: seul l’Android Auto permet la connexion sans fil. Quel oubli, dans une voiture où tout est question de charge et de recharge…
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
2023 Hyundai Ioniq 6 Photo by Clayton Seams
Jusqu’à 614 kilomètres d’autonomie
L’Ioniq 6 fait appel à la même plateforme E-GMP que pour la Hyundai Ioniq 5, tout en bénéficiant de l’empattement allongé susmentionné. Pour le marché canadien, la berline sera commercialisée avec les batteries de 53 kWh, une version qui sera uniquement disponible avec les roues motrices arrière (RWD), ou avec les batteries à autonomie étendue (77,4 kWh), en configuration propulsion ou à traction intégrale (AWD).
La version «de base» propose une autonomie de 429 kilomètres. Pour se prévaloir de la plus longue autonomie, il faudra choisir la version RWD à autonomie étendue et roues de 18 pouces, qui promet alors 614 kilomètres avec une charge; de choisir les élégantes roues de 20 pouces pour cette version réduira le rendement énergétique de près de 11% – à 545 kilomètres.
La version AWD à autonomie étendue, soit la variante la plus coûteuse de la gamme (note: les prix n’ont toujours pas été dévoilés), promet de parcourir 583 kilomètres sur des pneus de 18 pouces – et 519 kilomètres sur des roues de 20 pouces.
En route
C’est cette dernière Hyundai Ioniq 6 – à autonomie prolongée, avec la traction intégrale et les roues de 20 pouces – que nous avons testée en Corée du Sud, le mois dernier. Au menu: 320 chevaux et 446 lb-pi de couple, pour le 0-100 km/h en 5,1 secondes.
Sur les boulevards de Séoul et les routes environnantes, la première chose qui frappe dans le comportement routier de l’Ioniq 6, c’est sa douceur de roulement. Certes, tous les VÉ peuvent se targuer de manœuvres silencieuses et d’accélérations sans les affres du passage des rapports, mais celle de l’Ioniq 6 l’est d’une manière encore plus significative. On (res)sent bien que la priorité a été non pas la tenue de route sportive, mais plutôt le grand confort.
Conduite sereine, habitacle feutré, éclairage d’ambiance apaisant, design intérieur soigné… tout dans cette berline en fait une qu’on peut/veut piloter sans jamais se fatiguer. Cela dit, l’Ioniq 6 permet de sélectionner l’effort de direction, la sensation de l’accélérateur, la puissance du moteur et même le mode de transmission – oui, on peut basculer de la propulsion à la traction intégrale.
Comme beaucoup d’autres VÉ, l’Ioniq 6 produit un son synthétique qui, diffusé par les haut-parleurs, rappelle ce bruit de vaisseaux spatiaux futuristes associé à l’électromobilité. Bonne nouvelle: on peut activer ou désactiver ce système d’effets sonores. Personnellement, je l’ai désactivé…
Prix canadiens à venir
Dans cette ère où à peu près tous les constructeurs automobiles commercialisent des VÉ – qui plus est, qui se vendent comme des petits pains chauds – Hyundai aurait pu jouer de conservatisme et proposer un produit générique. Plutôt, le constructeur a choisi de prendre des risques, côté style, en misant sur des adaptations coûteuses, comme l’empattement plus long. Et au lieu d’être conçue de manière à gonfler les égos des propriétaires, l’Ioniq 6 l’a été avec en tête son utilisateur, qui peut alors, de manière imperturbable, autant traverser les embouteillages de Séoul que de s’attaquer aux routes sinueuses des montagnes environnantes.
Les prix canadiens pour l’Ioniq 6 ne seront connus qu’au début du printemps prochain (2023), lorsque les premiers exemplaires seront sur le point de débarquer dans les salles d’exposition canadiennes. Mais déjà, on prévoit des étiquettes semblables à celles de l’Ioniq 5 – soit quelque 47 500$, avant les rabais gouvernementaux.
Keyword: Premier essai routier de l’électrique Hyundai Ioniq 6 2023